Art, musique et littérature arméniens

La culture arménienne est un riche mélange de saveurs, couleurs et influences propres au pays. Les empires païens qui se sont succédé au cours des siècles avant Jésus-Christ, puis la longue histoire de l’Arménie en tant que première nation chrétienne au monde, ont façonné sa culture.

Située au carrefour de l’Est et de l’Ouest, l’Arménie a longtemps été un point stratégique et un lieu de rencontre pour les grands empires. Romains, Iraniens, Byzantins, Arabes, Turcs et Mongols sont tous passés par l’Arménie et en ont influencé la culture.

Le commerce a permis à l’Arménie de s’enrichir de nouvelles idées et techniques qui ont été mises à profit de son art. En raison de ces nombreuses influences, la culture arménienne a des éléments en commun avec les cultures voisines, mais aussi une originalité qui la rend unique.

Le christianisme et son alphabet qui lui est propre se retrouvent dans toute la culture arménienne (en particulier dans la littérature et les khachkars), et sont des éléments centraux de l’identité arménienne. Le paysage et les montagnes rocheuses exercent également une large influence sur les arts arméniens.

L’architecture arménienne

Le paysage montagneux définit les lignes de l’architecture arménienne. À l’image des montagnes qui les entourent, les monuments de l’architecture médiévale dominent le territoire. Le sol caillouteux, les dentelures des crêtes environnantes et les contours des monuments architecturaux se fondent dans le paysage.

L’architecture traditionnelle de l’Arménie se reflète majoritairement dans les temples, églises et monastères. Au début du Moyen Âge, au Ve et au VIe siècle, elle est représentée, pour l’essentiel, par des basiliques de forme rectangulaire divisées, en règle générale, en trois parties par des rangées de colonnes. La partie centrale domine les autres.

Par la suite, à la fin du VIIe siècle, le dôme central modifie la structure. La façade symétrique en forme de croix du temple est ornée d’arcs latéraux et couronnée par une immense coupole, visible depuis les coins éloignés du temple. Avec le temps, les structures simples et strictes des églises deviennent plus élégantes et complexes.

Les ensembles monastiques sont composés d’un temple, de chapelles, de beffrois et de bâtiments domestiques (réfectoire, bibliothèque, sacristie, etc.). Le complexe était souvent entouré d’un mur avec des maisons d’habitation adjacentes. Jusqu’au XIIe siècle, la construction des monastères a largement prospéré dans le pays.

Les constructions non religieuses sont aussi légion : forteresses, palais, châteaux féodaux, caravansérails (auberges pour les caravanes) et ponts. L’Arménie est souvent considérée comme un « musée en plein air », tant son architecture est variée et bien conservée.

Les exemples les plus célèbres sont la magnifique structure hellénistique de Garni, le Temple du Soleil (IIIe siècle et IIe siècle avant Jésus Christ), le temple dôme d’Echmiadzin (IVe siècle), Zvartnotz (VIIe siècle), et le joyau médiéval du monastère de Geghard (entre IVe siècle et le XIIIe siècle).

Les Khachkars arméniens

De nombreuses cultures possèdent un élément original qui devient un symbole de toute la culture nationale. En Arménie, ce symbole est le « khachkar », les croix de pierre qui n’existent nulle part ailleurs dans le monde. Le mot « khachkar » est formé de deux racines arméniennes : « khach » (croix) et « kar » (pierre).

Le khachkar est une sculpture décorative, basée sur les anciennes traditions nationales et dont les formes sont variées. Les khachkars ont vu le jour juste après l’adoption du christianisme.

À la place des autels païens et dans les lieux réservés aux églises et aux monastères, des croix en bois ont été installées. Le bois n’étant pas durable, il fut remplacé par de la pierre à partir du IXe siècle.

Les khachkars conservent l’esprit du peuple arménien, avec toute la divinité de l’Église. Ils sont installés à diverses occasions : commémoration d’une victoire, achèvement d’un temple ou d’un pont, remerciements à Dieu, etc. Ils servaient de points de repère, mais aussi de monuments funéraires.

Le plus grand cimetière d’anciens khachkars se trouve près du village de Noraduz. Les pierres les plus anciennes datent du VIIIe siècle.

Les tailleurs de pierre des khachkars sont les varpets.

Les arts appliqués en Arménie

Traditionnellement, le tissage de tapis, la poterie, la dentelle, la fabrication de bijoux et des ustensiles ménagers forment l’artisanat arménien.

La branche la plus ancienne de l’art appliqué arménien est l’art du traitement de l’or et de l’argent, qui était déjà connu des habitants des hautes terres arméniennes pendant le IIe millénaire avant Jésus Christ.

L’art du moulage et de la sculpture sur or et argent, de l’estampage, de l’incrustation de pierre, du polissage et de l’encadrement, s’exprime au travers des objets de culte et de la vie quotidienne des Arméniens.

Les tapis sont les objets ménagers les plus courants pour les Arméniens. Ils sont utilisés pour les tables, coffres, sièges et lits, mais aussi comme rideaux de porte et d’autel dans les temples. Le tissage de tapis est le métier le plus ancien maîtrisé par les Arméniens.

La peinture et la sculpture en Arménie

Les premiers spécimens de peinture arménienne sont visibles sur les monuments architecturaux d’Echmiadzin, de l’antique Garni et de bien d’autres temples, y compris ceux de la période Urartu, vers le IXᵉ siècle avant Jésus Christ.

Les murs et les planchers des structures cultuelles étaient recouverts d’ornements, de bas-reliefs et de reliefs sophistiqués, dont beaucoup ont survécu. Avec l’avènement de la religion chrétienne, la sculpture et la peinture se sont enrichies de scènes liées à la chrétienté : le jour du Jugement, la Nativité, etc., ainsi que des scènes de la vie quotidienne. Les peintures expressives couvrent les murs des temples et créent une histoire figurative. Parallèlement, la peinture d’icônes a commencé à se développer.

Une place spéciale dans l’art ecclésiastique fut occupée par les miniatures, des images aux couleurs vives et aux contenus religieux illustrant des livres écrits à la main. Les premiers exemples sont apparus au VIe siècle et cet art a atteint son apogée au Moyen Âge.

Le XVIIe et XVIIIe siècle voient la naissance des fresques et de la peinture sur toile. Au XIXe siècle, les portraits, les tableaux historiques et les tableaux figuratifs représentant les paysages se développent.

Ivan Aivazovsky (1817 – 1900) est le grand peintre de paysages marins, dont l’art est devenu partie intégrante de la culture mondiale. Il était d’origine russo-arménienne.

La littérature arménienne

Les premiers monuments littéraires en langue arménienne ont commencé à apparaître dès le Ve siècle, avec la création de l’alphabet arménien. Movses Khorenatsi (410 – 490) laisse le plus grand témoignage historique. Dans son « Histoire d’Arménie », il retrace l’histoire du pays en préservant les traditions et la poésie orales nationales.

Korioun, autre auteur du Ve siècle, a décrit la vie de Saint Mesrop – ou Mashtots – créateur de l’alphabet arménien. Il a également traduit bon nombre de livres théologiques en arménien.

La poésie arménienne retient les noms de Grigor Narekatsi (Xe siècle), auteur du Livre des chants d’église tristes, Nerses Shorali (Xe siècle) et Frick (XIIIe siècle).

Le patrimoine manuscrit du peuple arménien est conservé dans l’un des plus grands centres mondiaux de la culture manuscrite : Mesrop Mashtots Matendaran. Il recèle plus de quinze mille manuscrits sur l’histoire, la philosophie, le droit, la médecine, les mathématiques, les sciences naturelles, l’astronomie et la musique.

Au XIXe siècle, la littérature arménienne s’est développée sous l’influence des cultures russe et ouest-européenne.

Le théâtre en Arménie

L’art du théâtre fut introduit en Arménie par les fondateurs de cet art – les Grecs anciens – bien avant l’ère chrétienne. Le tsar arménien Tigran II le Grand construisit un immense amphithéâtre au Ier siècle avant Jésus Christ.

Selon Plutarque, le tsar Artavazd II a créé des tragédies qui ont été montrées à Artashat, la deuxième capitale de l’Arménie au Ier de notre ère.

L’art théâtral moderne arménien date de la seconde moitié du XIXe siècle. En 1921, le plus grand théâtre dramatique d’Arménie – le théâtre Théâtre G. Sundukyan – a ouvert ses portes à Erevan. Son répertoire se compose de pièces de théâtre, de grands classiques occidentaux et de dramaturges arméniens de renom. En 1933, le théâtre de l’Opéra et du Ballet d’Erevan a ouvert ses portes.

La musique arménienne

La musique arménienne ne ressemble à aucune autre. Elle utilise des instruments orignaux ayant survécu depuis le début du Moyen Âge : les prototypes du violon avec le pander et le bambir, ; cordes avec le tavikh et le knar ; instruments à vent avec les zurn, cornemuse et avagpog ; et les percussions.

Les chanteurs folkloriques sont appelés les gusans.

La musique d’église a vu le jour dès le Ve siècle.

En 1868, Tchoukhadjian écrivit le premier opéra arménien « Arshak II ». Les œuvres d’Alexandre Spendiarov (1871 – 1928) posèrent les bases de la musique symphonique classique nationale.

Le XXe siècle a vu éclore des compositeurs arméniens de premier plan : Aram Khachaturyan, Mikhael Tariverdiev et Arno Babadzhanyan.

Duduk arménien

La musique arménienne est indissociable du son triste et profond du duduk, un ancien instrument à vent national. Les racines historiques du duduk – appelé tsiranapokh – remontent à l’époque du roi Tigran le Grand (95-55 avant Jésus Christ). On appelle le dukuk la flûte ou le hautbois arménien.

Le Duduk est fabriqué en bois d’abricotier. Il peut être de trois tailles : 28 cm, 33 cm et 40 cm. Le nombre de trous de l’instrument varie : sept ou huit sur un côté, et un ou deux sur le côté opposé, pour le pouce. L’instrument séduit par sa sonorité douce et feutrée, et son timbre harmonieux et doux.

Le musicien Djivan Gaparyan a popularisé le dukuk dans le monde. Il est une célébrité dans son pays et a rendu le dukuk célèbre en participant à la bande originale du film « Gladiator ».

Le dukuk est également présent dans les musiques de Paul McCartney, Peter Gabriel, Brian May, Sting et Lionel Richie, ainsi que dans le film « La Passion du Christ » et la série « Game of Thrones ».

L’UNESCO a proclamé le duduk arménien et sa musique chef-d’œuvre du patrimoine immatériel de l’humanité en 2005.